Le processus

Le processus de création de l’exposition Sendas epigráficas nait des interrogations historiques, anthropologiques et esthétiques soulevées par l’objet graphique particulier qu’est l’inscription, ce texte tracé sur un matériau solide pour exposer et faire durer l’information, dans les sociétés tardo-antiques et médiévales en Occident. Cet objet, à la fois omniprésent et extrêmement varié dans ses formes comme dans ses usages, se place aux frontières de la culture écrite où il rejoint les pratiques visuelles, matérielles, artistiques, sonores.

Les supports, les formats, les emplacements et le contenu de ces textes épigraphiques sont très variables. Ils se caractérisent tous par la création d'un espace d'écriture, fixe ou mobile, en fonction de son exécution sur un monument ou un objet. L'inscription affiche alors un message en même temps qu'elle marque un lieu pour la présence de l'écriture. Pour atteindre cette présence et la diffusion du message, les inscriptions s'appuient sur des matériaux ad hoc, des orthographes ponctuelles et spécifiques, résultat d’un geste et d’une technologie qui évoluent avec le temps. Ces caractéristiques ont été discutées dans le cadre du programme de recherche LIMITS et ont invité à envisager une exposition pour donner à connaître la documentation. Il n’était pas question, pour cela de « muséographier » les inscriptions mais de les soumettre à un nouveau processus de création artistique un millénaire après leur première naissance. Le dialogue avec les artistes de la Casa a donc été aussi naturel qu’exigeant. Il ne s’agissait pas de commander du visuel mais bien de créer les conditions de la réalisation du pendant artistique du programme LIMITS – une nouvelle création ad hoc née du regard de l’artiste sur les traces écrites du passé et leur interprétation par les disciplines de l’érudition.

Cette section réunitles différents documents sur lesquels repose le processus de collaboration en dialogue, en échange, en confrontation. Les artistes ont été contactés sur la base d’un texte programmatique présentant les ambitions intellectuelles de ce qui n’était alors qu’une intuition de la part des commissaires. Pour appuyer leur demande, ils ont fourni aux créateurs une banque d’images regroupant les inscriptions étudiées dans le cadre du programme LIMITS qui ont servi par la suite d’inspiration pour les œuvres contemporaines. En tordant les signes épigraphiques, en les poussant à la rupture, en travaillant par évocation ou traduction, les artistes ont donné une nouvelle vie à ces objets d’histoire. Les créations ont finalement été reçues par les visiteurs de l’exposition Sendas epigráficas qui ont à leur tour fait part de leurs expériences esthétiques.